Sunday 5 August 2012

Lisée et le cynisme


Le Parti québécois est un parti politique voué à l'indépendance du Québec. C'est son objectif principal. On sait cela depuis longtemps. C'est pour cela que René Lévesque a créé ce parti. Le PQ a tenu deux référendums pour faire du Québec un pays.
À l’article 1.1 du  programme du PQ, on lit : « Aspirant à la liberté politique, le Parti Québécois a pour objectif premier de réaliser la souveraineté du Québec à la suite d’une consultation de la population par référendum tenu au moment jugé approprié par le gouvernement. »
On peut évidemment voter pour le PQ pour d'autres raisons. On peut adhérer à leurs idées ou propositions, ou préférer Mme Marois à M. Charest et M. Legault. Mais en votant pour le PQ, me semble-t-il, on devrait être conscient d'un fait incontournable: c'est un parti qui souhaite que l'indépendance du Québec se fasse le plus rapidement possible.

Voilà que dans le cadre de cette élection, Mme Marois refuse de se commettre publiquement à tenir un référendum si le PQ est porté au pouvoir. En soi, ce n’est pas une nouveauté. Bernard Landry et Lucien Bouchard avaient aussi refusé de se commettre. C'est le dilemme classique des chefs du PQ. Si on s'engage à tenir un référendum, on fait de l'élection une élection référendaire. On perdra assurément des votes.  À l'extérieur de la base de 30% de souverainistes convaincus, il se trouve peu de personnes au Québec qui souhaitent ardemment la tenue d'un troisième référendum. C’est un vieux film que les gens ne veulent plus voir.

Hier, l’éminent stratège du PQ et dorénavant candidat dans Rosemont, Jean-François Lisée, a exposé de façon limpide la stratégie du PQ: «Institutionnellement, on est dans une relation du faible au fort avec le Canada. Un peu comme Astérix avec César. Notre force, c'est notre agilité, notre capacité de réagir. Si on se met dans le ciment sur le moment de faire ceci ou cela, on perd cet avantage. Il est essentiel pour les Québécois de garder l'avantage de l'initiative et de la réactivité (mon soulignement) sur le référendum», a-t-il soutenu. Du candidat qui dit que cette élection est un référendum sur le cynisme, cette déclaration est particulièrement révélatrice et mal choisie.

C’est donc clair. Le PQ veut se faire élire sans engagement à faire un référendum. Mais s’il est élu, il fera évidemment tout pour en provoquer un. C’est d’une grande honnêteté, n’est-ce pas ? On fera tout pour faire la souveraineté, mais on ne veut pas avouer que c’est un enjeu de cette élection. Quand M. Legault nous dit que sa priorité est l’éducation, on s’attend à ce qu’il nous explique dans les détails quel sera son plan d’action, non ? Même chose pour M. Charest et l’économie, n’est-ce pas ? Si la souveraineté est l’objectif principal du PQ, pourquoi serait-ce différent pour Mme Marois ? Tant et aussi longtemps que le PQ fera de la souveraineté sa priorité, il faudra, à chaque élection, qu’il nous dise comment il atteindra son objectif premier.

Mais revenons à Lisée. Surtout à un mot qu’il a utilisé: réactivité. Après quarante ans d’efforts pour persuader les Québécois des bienfaits de l’indépendance, on en serait là. À RÉAGIR. Si j’étais souverainiste, je trouverais ça franchement pathétique. C’est l’équivalent d’aller courir le 100 mètres et espérer gagner parce que notre principal rival trébuchera pendant la course. Pour Lisée, un référendum ne se gagnerait pas par le mérite des arguments des souverainistes, mais par les erreurs commises par les fédéralistes. Joseph Facal, pour qui j’ai un grand respect, a déjà écrit : « Pour faire la souveraineté, il faut que des gens pour qui elle n’est pas le premier choix basculent dans ce camp. Seule une crise constitutionnelle peut provoquer cela. Mais c’est le calme plat sur ce front. »

On connait bien la technique des péquistes. On dressera une liste de demandes à Ottawa en espérant de se faire envoyer promener par les méchants Anglais. Remarquez, ce ne sera pas difficile de démoniser le gouvernement Harper. Il le fait assez bien lui-même. Ce n’est pas d’hier que le PQ tente de miser sur l’intransigeance du reste du Canada pour faire avancer sa cause. Remarquez bien, c’est une stratégie qui n’a pas toujours fonctionnée à merveille. Lucien Bouchard avait beau être charismatique et particulièrement persuasif, les Québécois ne sont pas montés aux barricades après l’entente sur l’union sociale et la loi sur la clarté. Il a quitté la politique peu après. Bernard Landry était le spécialiste de l’enflure verbale, mais ses nombreux déchirements de chemise en public ont été inversement proportionnels à son succès électoral.

Si le PQ avait confiance que ses arguments en faveur de la souveraineté étaient persuasifs et concluants au point de persuader une majorité convaincante de Québécois, hésiterait-il à vouloir faire de la souveraineté un enjeu central de cette élection ? Poser la question, c’est y répondre. En ce sens, on comprend Mme Marois de ne pas se commettre à tenir un référendum dans le prochain mandat.

La souveraineté est une option légitime à laquelle bon nombre de Québécois adhèrent. On ne s’attend évidemment pas à ce que le PQ y renonce. Mais on aimerait que Mme Marois cesse de nous faire croire qu’elle veut se faire élire pour bien gouverner le Québec. Ce serait intellectuellement honnête et transparent. 


2 comments:

  1. Des textes excellents... mais pourquoi personne ne parle pas que le QUEBEC IS GD BROKE! Depuis les derniers mois, j'ai parlé avec des centaines de séparatistes sur l'internet et il n'y en a pas un qui est informé sur notre économie. Pas un. Je mets des liens pour affirmer ce que j'avance over and over again. Les étudiants ne sont sûrement pas au courant non plus, ils disent tout haut, que dans les coffres, il y en a beaucoup beaucoup de l'argent.

    Moi j'en ai qu'une très sérieuse raison et pas 150 pour ne pas voter p-kiss et cette raison est "brutallement" bien expliquée dans ce clip de SUN NEWS. http://www.sunnewsnetwork.ca/video/featured/prime-time/867432237001/deadbeat-quebec-still-mooching-off-canada/1795709559001

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  2. J'espère qu'un jour nous n'aurons plus à reçevoir le BS du Canada, mais qu'à notre tour, nous aiderons les autres provinces pauvres.

    J'ai une question à vous poser: "Croyez vous que le canadien français donnerait de l'argent aux autres provinces de la même manière qu'ils s'en ont approprié venant des provinces riches". Bizarre, mais j'ai un peu l'impression qu'ils voudraient toute la garder pour eux mêmes et ^que la bataille commencerait et qu'un reéférendum serait sûrement gagnant.

    Que j'ai donc une mauvaise impressionn du Québec. Mais c'est tellement évident que beaucoup d'entre nous sommes égoistes et n'apprécient peu les bénifices que le Canada nous apporte depuis 30-40 ans. eN GÉNÉRAL, ommes nous CHEAP?

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