C’était prévisible.
Pour mobiliser sa base, le PQ est passé maître dans l’art de jouer la carte de l’insécurité linguistique. Mais cette fois-ci, il s’est surpassé.
Pour mobiliser sa base, le PQ est passé maître dans l’art de jouer la carte de l’insécurité linguistique. Mais cette fois-ci, il s’est surpassé.
Interdire aux francophones (qui s'inscrivent dans une proportion
de 92% dans les cégeps de langue française) et aux
allophones d'étudier au collégial en anglais n’était pas suffisant. Hier,
Mme Marois a annoncé qu’une fois élu, un gouvernement péquiste exigerait que l’obtention
de la citoyenneté québécoise soit conditionnelle à une connaissance « appropriée »
de la langue française. Elle a ajouté :
« Tous les citoyens du Québec qui veulent se faire élire dans une mairie,
comme conseiller, comme député, devront avoir une connaissance du français».
Le message que le PQ envoie est pitoyable. Il y aurait
donc deux types de Québécois : les "citoyens" québécois qui parlent français et les autres. René Lévesque aurait-il appuyé cela? Vous me permettrez d’en douter.
Il vient un moment où il faut tracer la ligne entre ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas.
Il vient un moment où il faut tracer la ligne entre ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est pas.
Le PQ ne fait-il pas confiance aux Québécois pour exercer
leur jugement dans le choix de leurs représentants? Croit-il que les Québécois
vont soudainement cesser d’aimer leur langue et leur culture et se ruer massivement
vers les institutions anglophones? En 2012? Vraiment?
Qu’on cesse de me casser les oreilles avec les grands
dangers du multiculturalisme et des vicissitudes du relativisme culturel. C’est
de la bouillie pour les chats. Dans un
État démocratique libéral, les individus sont égaux. Les chartes (et oui, le Québec a aussi
sa proche charte des droits) leur donnent des droits fondamentaux universels :
le droit de vote, le droit d’appartenance à une religion, la liberté de
conscience, le droit de circuler librement, la liberté d’association, etc. On ne charcute pas les droits des gens en fonction de leur langue ou de la couleur de leur peau.
Sur le plan linguistique, tout le monde reconnait que
la loi 101 a été bénéfique. Et qu’elle est encore nécessaire. Il y a un grand
consensus au Québec là-dessus. La force d’attraction de l’anglais demeure
indubitable. Et tout n’est pas réglé. Il faut continuer à être vigilant. Mais
il faut aussi reconnaitre qu’il y a des succès indéniables. Par exemple, entre 1996
et 2006, 75% des immigrants sont passés au français.
Le PQ souhaite que le Québec devienne un pays. C’est
une option valable et légitime, qui est partagée par bon nombre de Québécois. On peut penser que le Québec serait plus riche,
plus prospère, plus écologique, plus juste et plus vertueux s’il était un pays
indépendant. Si c’est le cas – et je ne suis pas de ceux qui y croient- le PQ a
été particulièrement mauvais au cours des dernières années pour en faire la
démonstration factuelle et rationnelle.
Ce qui est perturbant, c’est sa tendance de plus en
plus évidente à définir le projet souverainiste sur des prémisses essentiellement
négatives. Quand il ne fait pas de la surenchère linguistique, il caricature le
Canada à outrance.
On compte ainsi sur un rejet, sur une défaite, sur une
humiliation en bonne et due forme (dans le cas qui nous occupe, il est certain
que la Cour suprême invaliderait cette nouvelle loi sur la citoyenneté parce qu’elle
contrevient de façon évidente à la Charte). Bref, on cherche à créer de la chicane, des conflits.
S’il est élu, il est évident que le PQ tentera
par tous les moyens de se faire dire non par le reste du pays. Il ne s’en cache
même pas.
En préconisant une telle approche, le PQ pratique la
politique du pire. La stratégie est aussi simple que malhonnête.
Il y a un an, dans sa lettre d’adieu, Jack Layton écrivait :
« L'espoir est meilleur que la peur. L'optimisme est meilleur que le
désespoir.»
Le PQ devrait peut-être s’en inspirer.
Le PQ devrait peut-être s’en inspirer.